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Fanny Margelisch : Notre philosophie comme point de départ et objectif de notre formation
Équipe féminine
10 avril 2020

Fanny Margelisch : Notre philosophie comme point de départ et objectif de notre formation


Pour commencer, est-ce que tu peux me résumer ton histoire en tant qu’éducatrice de football ?

J’ai d’abord commencé en football de base et j’ai passé les diplômes C et C+. 

Par la suite, lorsque la structure élite s’est mise en place au club, je suis passée assistante en M17, ce qui m’as permis de passer le diplôme B. Maintenant, je suis éducatrice M15.

Avant ça, quel a été ton parcours en tant que joueuse ?

À l’âge de 4 ans, je commençais à jouer avec les garçons au FC Saint-Paul. À mes 15 ans, je rejoignais la première équipe du Club Chênois avec laquelle j’ai joué 14 saisons. Ensuite, j’ai joué deux saisons en première ligue avant de me consacrer en 2018 pleinement à mon rôle d’éducatrice.

Tu as donc disputé de nombreuses saisons en LNB. Si tu devais dégager les trois moments les plus marquants de ta carrière, qu’est-ce que ça serait ?

Oui effectivement. Mon premier souvenir reste mon premier match en LNB. 

Ensuite, une année on était tombées en 1ère ligue et on voulait remonter directement la saison suivante. On jouait à Worb qui montait en cas de victoire alors qu’un nul nous suffisait. Plusieurs personnes avaient fait le déplacement dont une équipe de juniors de Fribourg, il me semble. On les avait rencontrées à un tournoi. Il y avait vraiment une bonne ambiance, et nous avions gagné le match. Ensuite, nous sommes rentrés à Genève et le gérant de la buvette nous avait préparé à manger pour nous féliciter. C’est vraiment un très bon souvenir. 

Il y aussi un match à Lugano, c’était la dernière journée du championnat. On ne devait pas prendre beaucoup de buts pour soigner le goal-average et sauver notre place en LNB, car on était à égalité de points avec une équipe, Worb je crois. On a perdu le match 3-0. Au coup de sifflet final, on a appris que l’autre équipe avait aussi perdu 3-0, et qu’on était sauvées.

Qu’est-ce que ça te fait, aujourd’hui, de voir ton équipe évoluer à ce niveau ?

Je suis vraiment heureuse et fière que l’équipe soit montée au meilleure niveau et de ce qu’elles montrent. C’est un plaisir de les voir jouer. J’ai quand même un peu de regrets de ne pas avoir participé à la montée.

Tu as été éducatrice et joueuse en parallèle, pendant quelques temps. Est-ce que c’est une situation facile à gérer ?

Effectivement, ça demande de l’organisation, surtout que les entraînements tombaient le même jour. Je commençais par donner les entraînements, ensuite j’enchaînais directement avec les miens. 

Pour les matchs, j’ai eu beaucoup de chance, car ça tombait rarement en même temps.

Le sentiment de victoire est-il plus plaisant en tant que joueuse ou en tant qu’entraîneure ?

Le sentiment n’est pas le même, certes, mais je le trouve aussi plaisant dans les deux cas.

Et la défaite ? Est-ce que l’impuissance la rend plus pénible depuis le banc de touche ?

Pour moi la défaite est bien sûr plus pénible depuis le banc de touche. Elle entraîne une remise en question sur certains choix et sur ce que je n’ai pas réussi à leur transmettre.

Tu as toujours entraîné des filles ?

Oui.

Est-ce que pour toi, et avec le recul que tu as pour avoir joué avec des garçons, on entraîne les filles différemment des garçons ?

Je pense que les filles cherchent plus à comprendre pourquoi on fait un exercice, ce que cela va leur apporter, ce qui fait qu’elles sont plus à l’écoute. Elles regardent toujours de quelle façon elles peuvent s’améliorer, elles demandent souvent à travailler en plus.

Et est-ce que toi, tu penses avoir une approche différente que les entraîneurs de par ton genre ?

Je pense que ma différence vient de mon caractère, de ma manière de voir et d’amener les choses mais je ne pense pas que c’est une question de genre.

Quel est le parcours typique d’une fille de ton effectif aujourd’hui ? Est-ce que la plupart est passée par des équipes de garçons avant de rejoindre des équipes féminines ?

On a les deux, des filles qui ont commencé avec les garçons et d’autre avec les filles. C’est à peu près égal. 

Pour certaines, elles sont suivies par l’ACGF au niveau des M11 et M13, et ensuite elles intègrent les M15. D’autres filles sont suivies tout au long de l’année afin de leur permettre l’intégration de la structure élite.

Servette est donc, en football féminin comme en football masculin, au sommet de la pyramide cantonale, et ce dès le début de l’adolescence ?

Oui, à partir des M15. Avant, pour les plus jeunes, c’est l’ACGF qui s’en occupe.

Quel rythme d’entraînement tiennent-elles ?

Elles ont trois à quatre entraînements par semaine. Le lundi, le mardi en commun avec les M17, le jeudi avec Jérémy Faug-Porret pour la préparation athlétique et le vendredi si besoin.

Le samedi, c’est match contre des juniors C garçons.

Elles ne jouent jamais contre d’autres filles ?

Oui elles jouent contre d’autre filles aux tournois de partenariat. Ce sont des tournois organisés par l’ASF qui regroupent toutes les équipes M15 de Suisse. 

Elles font 3 matchs dans la journée. Les matchs sont supervisés par les sélectionneurs Suisses.

Combien y a-t-il d’équipes de M15 en Suisse ? Outre les tournois de partenariat, il n’y a donc pas de titre de M15 décerné au niveau suisse ?

Il y a 12 équipes M15 en Suisse, mais pas de titre. En M15, nous ne regardons pas le résultat, nous sommes dans la formation des joueuses.

Tu parlais plus tôt des sélectionneurs suisses. À partir de quel âge y a-t’il des rassemblements en équipe nationale ?

À partir des M16.

Le Servette FCCF y est représenté ?

Oui, nous avons des joueuses concernées, mais chez nous elles jouent toutes déjà avec les M17.

Est-ce que le Servette FCCF développe une identité de jeu commune parmi ses équipes jeunes ?

Bien sûr. Le Servette FCCF a une philosophie de jeu qui s’applique de l’équipe première aux juniors.

Comment est-ce qu’elle se définit ?

Notre philosophie définit notre qualité de jeu par des principes et des objectifs de développement, à tout âge de la formation. Elle nous fournit les critères pour l’observation et l’analyse des joueuses en tant qu’individu mais aussi en tant que groupe. Elle oriente les pensées et les actions des joueuses et des entraîneurs dans ce but commun et constitue aussi bien le point de départ que l’objectif de formation.

Au même âge, chez les garçons, beaucoup rêvent déjà d’une carrière et de titres. Qu’en est-il chez les filles ?

Oui elles rêvent aussi de carrière et de titres mais elles se rendent compte de la grande différence entre le football féminin et masculin. Elles réalisent que se sera beaucoup plus dur d’arriver à en faire leur métier.

Quel est leur rapport à l’équipe première du Servette FCCF ?

Elles s’identifient à elles. Leur but étant d’arriver en première équipe, elles vont s’inspirer d’elles, essayer de les imiter. Elles s’intéressent à leur parcours, elles me posent souvent des questions pour savoir comment ça se passe, où les filles ont joué, etc.

Jusqu’à l’interruption, comment se déroulait la saison de ton équipe ?

La saison se passe bien. Pour certaines, c’est la première année en équipe élite. C’est un apprentissage, aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Cela demande beaucoup d’investissements de la part des filles. Elles sont très motivées et à l’écoute, ce qui facilite le travail pour arriver aux objectifs fixés. Je suis fière de ce qu’elles font et de l’envie avec laquelle elles le font.